Fiches pratiques Team'Parents
LES PROFESSIONNELS
DE LA FAMILLE

Les pros de la famille alertent : attention danger !
Juin 2020
Faisant suite à la tribune publiée sur les réseaux sociaux :
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https://www.facebook.com/noemie.khenkinesonigo.90/posts/224325295351163
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nous avons recueilli des témoignages de 16 professionnels de la famille et de l’enfance pour mesurer l’ampleur des conséquences du confinement et de la crise CIVO-19 sur les familles.
Psychologues, pédopsychiatres, éducateurs, assistantes sociales, avocats, enseignants, sages-femmes ont répondu à l’enquête pour témoigner de leurs conditions de travail actuelles et de leurs craintes pour les familles. Ces professions, qui étaient déjà sous tension et gravement en manque de moyens avant la crise du COVID-19, déplorent tous la solitude dans laquelle ils sont.
Chacun doit réinventer son métier, en réduisant les dégâts de la crise sur eux-mêmes et sur les familles. Ils expriment une inquiétude massive pour les familles et le bien-être de parents et enfants en sortie de crise.
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Comment est organisé votre service, votre activité en ce moment ?
L’enquête révèle que la plupart des interlocuteurs des familles en difficultés fonctionnent à minima et/ou en télétravail. Même si les professionnels sont dévoués et créatifs dans la manière de fonctionner, leurs moyens sont très limités pour apporter un soutien suffisant aux familles.
Dans l’enseignement les équipes font œuvre de créativité pour maintenir le lien éducatif. Julie, enseignante en primaire explique : « J'envoie chaque jour un planning de journée à chaque élève. Je reste disponible tout au long de la journée via le réseau de l'école (Classdojo) en cas de besoins ou de questions. J'utilise également un site en ligne où je mets des exercices, des rallyes lecture, des rallyes calcul mental, des rallyes courts métrages… Les élèves adorent. Je suis également en train de mettre en place une classe virtuelle pour faire classe pour des notions précises mais je rencontre de nombreux problèmes de connexion et le mettre en place est fastidieux. »
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Les assistantes sociales, centres sociaux (CCAS, CIDFF, etc…) fonctionnent en maintenant le lien avec les familles par téléphone ou visio conférences. Une partie des éducateurs fonctionne également avec le télétravail.
Aurélia, référente de parcours dans un Programme municipal de Réussite Éducative explique qu’elle travaille par téléphone auprès des familles accompagnées, en hebdomadaire pour les familles les moins vulnérables, quotidiennement ou tous les deux jours pour les familles sous tension ou pour les mères de famille subissant de la violence conjugale.
Cette équipe de 5 référents ne disposant que d’un seul téléphone professionnel, ils sont contraints de travailler avec leur téléphone personnel en numéro masqué pour protéger leur vie privée.
Dans le domaine judiciaire, tout le contentieux est au ralenti, et les avocats gèrent leurs clients à distance. Comme l’explique Maître Paula Quemeneur - « La majorité des audiences a été reportée à une date inconnue. Seuls certains types d’audiences sont maintenus notamment celles pour gérer les violences intra-familiales. »
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En matière de protection de l’enfance, les visites individuelles ou à domicile sont maintenues dans de rares cas (par exemple les mineurs isolés ou drogués), avec des effectifs réduits et en mutualisant les services comme l’explique Charlie, éducatrice à Paris.
Samuel, éducateur dans un foyer accueillant des adolescentes pour des placements moyens et longs, explique que son équipe étant déjà en sous-effectif avant le COVID et plusieurs collègues étant en arrêt, ils sont contraints de faire appel à des remplaçants vacataires.
Il raconte - « Nous avons mis en place les mesures d'hygiène élémentaires. Les jeunes respectent la plupart des consignes mais il leur est difficile de maintenir une distance physique entre eux. Ils pensent que s'ils doivent "se contaminer" entre eux ce serait déjà le cas. La vie quotidienne s'organise autour du confinement tant bien que mal, travail scolaire à la main, pas de sortie sauf sortie individuelle pour prendre l'air, faire des courses. »
En matière de santé mentale, les psychologues en ville ont souvent cessé leurs consultations physiques et procèdent en général par vidéo-conférence. Certains psychologues pour enfants considèrent que les consultations à distance ne sont pas adaptées au jeune public. D’autres les pratiquent pour maintenir le lien avec les familles, comme Gabrielle Douieb, psychologue à Paris.
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Le Dr Benjamin Landman, pédopsychiatre Chef de Clinique à l’hôpital Robert Debré, explique que le service a maintenu seulement une activité d'urgence avec consultation et hospitalisation pour les situations graves. Les consultations classiques pour les situations moins graves ou urgentes sont assurées en téléconsultations. Pour tenter de compenser le manque d’accès aux soins des patients n’entrant pas dans cette catégorie, le service poursuit son rôle de soins par la diffusion de ressources sur une plateforme :
Quelles sont les conséquences de cette organisation sur les familles bénéficiaires de vos services ?
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Les familles les plus fragiles sont soumises à une tension très importante. Aurélia, éducatrice, craint qu’elles soient davantage laissées seules face à leurs angoisses, à leur précarité sociale, à leur dysfonctionnement éducatif.
En ce qui concerne les femmes victimes de violences, elle craint qu’elles soient moins soutenues, devant s'en remettre presque exclusivement au service policier, là où habituellement les services associatifs ou municipaux de proximité jouent un rôle essentiel d'accompagnement. Les éducateurs partagent la crainte d’isolement accentué et de paupérisation des familles, surtout pour ceux qui travaillent de manière non déclarée.
Le Dr Benjamin Landman s’inquiète pour les familles dont un enfant a des besoins particuliers. Surtout en l'absence d'accès aux ressources externes habituelles.nj



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